Question de Franck S.
D’après moi, deux indices peuvent te mettre la puce à l’oreille :
- la réaction des autres : en gros, tu passes pour un extraterrestre :),
- les résultats que tu obtiens : c’est mieux que d’habitude.
Le premier indice apparait donc pendant le déroulement de ton projet : tu changes les règles du jeu et ça interpelle ceux qui te voient fonctionner.
Culturellement (en 2016, en France), on est habitué à fonctionner sur ce registre général :
- « c’est le chef seul qui prend des décisions»,
- « de toute manière, seul l’argent compte »
- « on a toujours fait comme ça et pas autrement »
Ça ne choque pas grand monde, même si de plus en plus de gens (jeunes dans leur tête) rechignent à suivre passivement ce mode d’emploi.
Etrangement, sur les projets que tu gères (petits ou grands, professionnels ou bénévoles, …), tu tentes une alternative, sans forcément savoir ce que ça va donner, mais bon, après tout, pourquoi pas essayer :
- « et si je demandais l’avis des opérationnels qui vont travailler avec cette machine au quotidien ? »,
- « je choisis aussi en fonction des retombées sociales et écologiques »,
- « je suis sûr que cogiter tous ensemble va nous faire découvrir des astuces pour faire mieux »
En face, on ne peut pas dire que tu recueilles un enthousiasme et un soutien débordant …
Plutôt de la perplexité et une nouvelle étiquette : t’es un peu zèbre, un peu fou, un peu extraterrestre, « aware », etc …
Même si ce n’est pas évident à vivre au quotidien, c’est le meilleur indicateur pour identifier quand tu es en train d’innover, au cours du projet.
Eh oui, innover c’est d’abord faire différemment, ce qui apparait de prime abord comme bizarre.
Une idée passe par 3 stades de perception de la part de son environnement. Elle est jugée :
- d’abord étrange,
- puis dangereuse
- et enfin évidente.
Ce qui ne veut pas dire que toutes les idées bizarres vont venir normales un jour, mais que tout ce qui nous parait normal maintenant a paru bizarre un jour.
Autant l’accepter et prendre ça comme un indice positif : vive la bizarrerie et les bizarres 🙂
D’autant que ce n’est pas le seul indice. Il doit forcément être couplé avec un indicateur accessible uniquement après le projet : en gros, les résultats explosent les stats !!!
Tes idées bizarres permettent de créer les mêmes en mieux ! joie !
Ce qui permet de définir une innovation « sociale », c’est d’ailleurs ce point sur les résultats, tes idées bizarres apportent un mieux pour soi et d’autres.
Ce qui fait la différence entre une innovation et une innovation sociale, c’est que le projet a un impact sur « plus que soi ».
Je détaille un peu : on classe les innovations (et les manières d’entreprendre) suivant 3 niveaux d’acteurs impactés par les résultats positifs du projet. Entreprendre/innover :
- pour soi
- pour nous(soi et des gens comme soi)
- pour eux(soi et des gens pas comme soi ^^)
Les projets « Nous » correspondant à soi et des gens comme soi. Par exemple, une mutuelle, une coopérativefonctionnent sur ce principe. Ou bien un projet d’étudiants adressé à d’autres étudiants, etc …
Les projets « Eux » correspondant aux projets qui cherchent à (et ont concrètement) un impact sur des individus ou des populations dont « je » ne fais pas partie directement.
Quand « j »’interviens au profit de personnes en situation de handicap alors que je suis (pour l’instant) valide moi-même, par exemple.
Tu me suis toujours ? 🙂
Donc non seulement ton projet est différent, mais il est mieux.
Et cerise sur le gâteau, il a un impact sociétal, c’est-à-dire pour d’autres que toi.
Donc pour résumer…
« Comment sait-on que ce que l’on fait est de l’innovation sociale ? » :
Pendant le projet, tu passes pour un extraterrestre et un bisounours
mais après, même les sceptiques constatent que ça donne des résultats concrets 🙂
Et si tu veux creuser :
– un site internet qui regroupe les bizarres en actions
– un livre qui présente les différentes manières d’entreprendre
– et une touche d’humour sur la perplexité face aux nouvelles idées
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